Peut mieux faire...

Voici que mon fournisseur d'accès à Internet m'offre un forfait pour télécharger de la musique de façon illimitée (et légale, cela va sans dire). On peut donc piocher à volonté dans le catalogue d'Universal Music, avec les restrictions suivantes:

  • il faut un ordinateur avec Windows
  • il y a des verrous anti-copie (DRM )
  • on ne peut pas copier la musique sur un autre appareil (sauf si on fait sauter le verrou anti-copie, ce qui est un jeu d'enfant, soit dit en passant).

La fameuse licence globale que certains réclament à cors et à cris, si ça n'en est pas une, en tout cas c'est ce qui s'en rapproche le plus.

Oui, mais voilà, que vaut-il, le catalogue en question ? Il y a de grands artistes qui jouent des choses très bien avec des prises de son impeccables. Le tout est ensuite compressé (adieu finesse des timbres et des attaques) puis mis en ligne. Et la base est si mal indexée et documentée qu'on ne sait même pas ce qu'on écouter. Voici le premier album que j'ai voulu écouter:

L

C'est donc une certaine "Claire-Marie Le Gu" qui joue, l'album s'appelle "Haydn-Mozat-L'Esp". L'Espaquoi ? L'espadon ? L'espérance ? L'esse-Peter-donc-tranquille ? Et la première plage s'appelle "Allegro". Fort bien, mais est-ce une sonate, un concerto ? pour piano, pour bandonéon, pour trombone à coulisse ?

Après quelques essais, je trouve un menu contextuel avec une vignette d'album plus petite qu'un timbre-poste. On a enfin le titre de l'album et le nom de l'artiste complets, mais on ne sais toujours pas à quoi correspond cet Adagio, si c'est Mozart ou Haydn qui l'a écrit par exemple (n'allons pas jusqu'à exiger un numéro d'opus ou de catalogue Köchel, ce serait pédant).

L

En guise de licence globale et de téléchargement illimité, voici ce qu'on peut craindre pour les années à venir. Que les majors déversent sans discernement le contenu pléthorique de leurs catalogues dans les tuyaux internet, en noyant les jeunes dans un flot d'information qu'ils ne peuvent pas vraiment classifier, digérer, comprendre, apprécier. Étant adolescent, j'ai eu le disque, le livre et quelques bons amis pour faire mon éducation musicale. Mais pour les ados qui n'ont qu'Internet ?

Commentaires

1. Le jeudi 5 février 2009, 02:19 par DavidLeMarrec

Personne n'a qu'Internet, le livre existe toujours. ;)

De toute façon, pour certaines portions du 'classique', écouter demande une certaine exigence intellectuelle, pour comprendre des codes qui ne sont pas franchement spontanés. Celui qui fait cet effort est tout à fait capable, je crois, d'acheter un disque, d'ouvrir un livre... ou d'effectuer une recherche Internet.

Quasiment toute la discographie du CD, et une part respectable de celle du vinyle sont indexées sur Internet, en cherchant bien...

2. Le jeudi 5 février 2009, 10:54 par Papageno

Question de génération peut-être ? Chez mon petit frère il n'y a pas un seul disque, toute la musique est sur l'ordinateur. Avec la disparition de l'objet disque, la musique se banalise forcément, ce qui est à la fois positif (elle est plus facilement accessible) et regrettable (on la respecte moins). La musique est immatérielle par essence, mais la légitime satisfaction que les artistes peuvent éprouver lorsqu'ils tiennent entre les mains un disque avec une belle pochette qu'ils ont produit diminuera nécessairement si c'est une collection de fichiers MP3 ou FLAC qu'ils produisent.