La musique classique c'est de la merde

Les jeunes ne s'intéressent pas à la musique classique. Surtout ceux des banlieues, ou plutôt des « quartiers populaires » comme dirait cette bourgeoise de Martine Aubry. C'est devenu un lieu commun et même un cliché, validé par de nombreuses études sociologiques depuis Bourdieu au moins. On ne compte pas non plus les initiatives « pédagogiques » menées par les orchestres, les mairies, ou les lycées afin d'inculquer le classique à nos jeunes. Lesquels résistent vaillamment à tant d'assauts et continuent d'écouter la musique de leur génération. Ce qui inspire de tristes articles à de tristes intellectuels déplorant que les jeunes refusent ainsi de s'adapter au classique. Car adapter le classique aux jeunes, il ne saurait en être question. C'est parfaitement impossible : par définition le classique c'est ce qui ne change pas.

Je voulais faire au départ un article sur tous les lieux communs liés à la musique classique pour les démonter gentiment, mais en avançant dans la rédaction, je me suis rendu compte avec horreur puis avec amusement que tous ces lieux communs sont parfaitement véridiques et que la vérité est encore pire que cela. Il suffit d'ouvrir les yeux :

  • « Le classique c'est une musique de vieux ». Bmamie.jpgien sûr ! Il suffit de regarder le public du Théâtre des Champs-Élysées ou de la Folles Journée de Nantes pour s'en persuader. Mais pourquoi ? C'est tout simple : en vieillissant l'oreille baisse. La musique devient progressivement moins riche en couleurs (à cause des fréquence aigües). Dans ces conditions il est beaucoup plus confortable de ré-écouter la musique qu'on connaît déjà, car la mémoire reconstitue ce qu'on n'entend plus que partiellement. Et puis le classique c'est assez prévisible, c'est toujours la même chose : tonique, dominante, ré-exposition, cadence, coda, saluts, applaudissements, taxi, une camomille et puis au lit ! Alors que tout fout le camp, tout se détraque ma bonne dame, les jeunes ne respectent plus rien, le rituel immuable bien rôdé du concert classique est rassurant. Plus on vieillit, moins on entend bien, et plus on apprécie Vivaldi sur instruments d'époque.

  • « La musique classique est bourgeoise » La musique classique est un marqueur de la classe dominante, c'est un fait bien documenté. Une seule preuve ? Les questions sur la musique classique à l'épreuve de culture générale de l'ENA, dont le seul but est d'empêcher les fils d'ouvriers en bâtiment et les zy-va à casquette de devenir préfet, inspecteur général des finances ou administrateur d'un groupe du CAC40. La musique classique est tellement subventionnée que ça c'est pas vraiment le prix des concerts qui fait la différence (les places pour la tournée d'adieu de Johnny étaient à 120€, pour ce prix là on a des place de choix dans la plus chic des salles parisiennes), mais vraiment l'habitus au sens bourdieusien, c'est à dire tout ces petits détails qui distinguent ceux qui jouent au golf de ceux qui jouent au basket. Encore une preuve ? Les musiciens d'un concert classique sont habillés comme les serveurs dans les restaurant chics. À votre avis, pourquoi ?

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(photo : Albert Dupontel dans « Fauteuils d'orchestre »)

  • «  La musique préférée des con(formiste)s » À quoi servent les « discothèque idéale, le top 100 de Radio Classique, les petites étoiles, les « ffff » et les « choc » de Classica ou Télérama ? A rien d'autre qu'à formater les cerveaux. L'amateur de classique est obsédé par les classements et la hiérarchie. S'il écoute un pianiste, il faut que ça soit un « tout grand » ou « une étoile qui monte » ; il vante un chef comme étant « de classe mondiale », un violoniste comme « tu sais, le 1er prix du Long-Thibaut en 2006 ». Le prêt-à-penser lui est donc extrêmement utile : il ne veut écouter que l'interprétation « de référence » des plus grands « chefs-d’œuvre » des « meilleurs » compositeurs.

  • « Garanti avec beaucoup de conservateurs » robot-violinist.jpgOn l'a déjà dit, le bourgeois c'est comme le cochon, plus ça devient vieux, plus devient amateur de classique. Mais le conservatisme n'est pas que la tendance politique dominante dans le public : c'est aussi une maladie qui touche les artistes eux-mêmes dans leur cœur de leur travail. Il y a la formation très standardisée à laquelle on les soumet alors qu'ils sont trop jeunes pour avoir développé une véritable personnalité. Il y a le respect maniaque de la partition qui atteint une dimension fétichiste et idolâtre (on oublie ainsi que la partition n'est qu'un medium fort imparfait et incomplet de communication entre le compositeur et les interprètes, qui repose sur beaucoup de conventions non écrites). Il y a les versions discographiques « de référence » auxquels ils seront comparés qu'ils ne veuillent ou non. Il y a le programme des concours internationaux où l'on retrouve toujours les même 4 ou 5 concertos pour violon, et qui semblent destinés, ces concours, à produire des clones plutôt que des artistes. Il y a les agents et les directeurs de salle qui préfèrent ce qui se vend bien, c'est à dire les œuvres les plus connues et rebattues du répertoire. En bref, depuis l'école de musique première année jusqu'à la scène de la philharmonie de Vienne, c'est lavage de cerveau à tous les étages !

  • « Plus coincé que moi, tu meurs! » Depuis des temps immémoriaux, la musique est associée à la danse. Jouez quelques notes devant des enfants de 3 ou 4 ans, ils vont se lever et danser (ça marche aussi bien avec Chopin qu'avec les Beatles). Faut-il vraiment qu'ils aient vieilli dans leur corps et dans leur tête pour accepter d'écouter de la musique 2 heures de suite dans un fauteuil ! Dans un concert de rock/pop/techno, on peut crier, chanter, mettre la main au fesse des filles, bref se donner du bon temps. Mais les amateurs de musique classique ont un balai dans le cul, ça fait peine à voir. A les voir tous s'emmerder poliment lors d'un récital de piano salle Gaveau, impassibles dans l'épreuve comme Bernadette Chirac à un défilé du 14 juillet, on aurait presque pitié d'eux (mais lisez plus bas et vous n'éprouverez plus aucune pitié !).bernadette_chirac.jpg

  • « Le choix des pervers psychopathes ». Les lecteurs du Journal de Papageno qui sont tellement cultivés, ont certainement vu la trilogie du Silence des agneaux. Or, quelle musique écoute le docteur Hannibal Lecter , pervers psychopathe manipulateur et anthropophage, avant de vous découper en morceaux pour faire cuire vos rognons au madère ? De la musique classique bien sûr !! Dans le prologue d'Hannibal il pousse le vice jusqu'à servir les meilleurs morceaux d'un flûtiste arythmique aux membres du comité de soutien de l'orchestre philharmonique de Boston. Si votre voisin écoute trop de musique classique, soyez méfiants !

  • « Danse avec les morts » boite-musique-anniversaire-4.jpgUn bon compositeur est un compositeur mort, c'est tout à fait inutile de revenir là-dessus. Mais la calcification de la musique classique va bien plus loin que ça : l'industrie du disque et le fétichisme du top 100 conduisent de plus en plus les interprètes disparus (Maria Callas, Glenn Gould, …) à charmer nos oreilles. Certains proposent même de recréer le « toucher » des pianistes disparus d'après leurs enregistrements, pour programmer une sorte de piano mécanique, afin produire des « concerts » de zombies avec Rubinstein, Gilels, Cziffra... Amis nécrophiles, bonsoir !

Vous l'aurez compris, s'il y a une chose qui met d'accord les notaires de province, les pervers psychorigides et les gérontologues d'accord, c'est bien celle-ci : la musique classique est une musique d'avenir.

Mais assailli d'un doute après avoir tenté en vain de réfuter mes arguments (qui sont encore plus inattaquables que la vertu de DSK), vous vous demanderez peut-être : « au fond, suis-je un de ces coincés du classique qui traumatisent leur entourage avec leur passion malsaine pour la musique nécrosée ? » Nous avons mis au point un test de dépistage simple pour vous aider à voir clair. Si vous avez au moins deux étoiles dans le quizz suivant :

(*) vous avez 500 disques de classique et pas un seul de jazz ou de variétoche

(*) vous avez un abonnement à l'opéra et un autre à Pleyel

(*) le mot « contemporaine » déclenche chez vous une réaction automatique sous la forme d'une phrase où figurent les mots « Boulez » et « caca »

(*) vous pensez comme l'idiot congénital qui avait commenté un précédent billet à la radio que la querelle des Anciens et des Modernes se résume aujourd'hui au débat sur les archets convexes ou concaves et les cordes en boyau ou en métal pour jouer les symphonies de Beethoven

(*) vous croyez sincèrement que Ton Koopman et Nathalie Dessay sont des stars mondialement connues

(*) vous n'écoutez plus Radio Classique depuis qu'ils passent de la musique de film

(*) vous trouvez le début du quatuor « Dissonances » de Mozart... dissonant

Alors les symptômes ne trompent pas : vous souffrez de classiquite aigüe à tendance psycho-rigide et la nécrose intellectuelle menace. Afin de soulager votre entourage qui souffre certainement de votre intolérance compulsive et violente envers toute musique tant soit peu actuelle, des mesures radicales s'imposent :

  • Bazardez votre discothèque (les disques c'est un truc de vieux de toute façon, et un truc fétichiste en plus)

  • Arrêtez de lire Le Figaro (surtout les pages culcul-ture)

  • Achetez une guitare électrique à votre gosse au lieu de l'emmerder avec des leçons de piano et de solfège au Conservatoire (endroit où l'on conserve les momies de l'histoire de la musique).

  • Ré-apprenez à bouger en rythme avec la zique

  • Intéressez vous pour la première fois de votre vie à la différence à l'oreille entre le tango et la salsa ; le rap et la R&B ; la techno et le heavy metal...

  • Pour vous détendre après le boulot, écoutez des trucs qui déchirent vraiment comme la Sonate n°6 pour piano de Galina Oustvolskaïa ou le Helikopter-Streichkartett de Stockhausen (liste non exhaustive, tant s'en faut).

  • Suivez scrupuleusement le rythme du régime Dukon (R) :

    • sevrage : pendant 45 jours, n'écoutez pas une seule note de musique écrite il y a plus de 20 ans ; favorisez la musique électro-acoustique et mixte

    • transition (90 jours): musique du XXe siècle autorisée (Rachmaninoff et Piazzola toujours interdits)

    • stabilisation : retour à musique ancienne en respectant un régime sain et équilibré avec cinq compositeurs vivants par jour (le fameux five-a-day)

    • dans tous les cas, la musique de Lady Gaga est à éviter absolument (risque d'intoxication putassière élevée)

(Rendons à César ce qui est à César: le titre de ce billet a été fortement inspiré par l'excellent le rock c'est de la merde publié sur le non moins excellent MusicLodge.

Commentaires

1. Le jeudi 26 mai 2011, 10:22 par Jean-Brieux

La musique classique telle que jouée et conceptualisée aujourd'hui, c'est l'équivalent de la bouffe aseptisée et affadie au possible, salée à l'excès et bien sucrée pour que ça passe dans le gosier.

La plupart des pianistes que j'écoute (rassurez-vous il m'arrive d'écouter autre chose que du piano, simplement pour conserver un certain équilibre mental) sont nés il y a bien longtemps, et ce n'est ni par nécrophilie ni par gérontophilie. Il y a quelque chose qui s'est perdu dans la manière d'interpréter.

Retournons aux sources du piano romantique avec Ervin Nyiregyhazi !

http://www.youtube.com/watch?v=W3A3...

2. Le jeudi 26 mai 2011, 11:56 par Aloysia

Merci pour cet article qui m'a fait rire, malgré l'aspect consternant de l'état des lieux.

Jean-Brieux, la bouffe d'aujourd'hui n'est aseptisée et affadie que pour ceux qui ne se donnent pas la peine de manger autre chose.
Je ne crois donc pas qu'il faille se contenter de la musique classique formatée. Il y a des pépites (pas forcément cachées) qui décoiffent Bach et jouent Cage dans le même programme ! Et qui ont, oh miracle, tout juste 25 ans !

3. Le jeudi 26 mai 2011, 12:52 par Jean-Brieux

"la bouffe d'aujourd'hui n'est aseptisée et affadie que pour ceux qui ne se donnent pas la peine de manger autre chose"

C'est bien vrai, encore faut-il avoir les moyens. Même les denrées alimentaires deviennent un luxe actuellement. Mais là n'était pas le sujet.

En musique classique a-t-on aujourd'hui le choix (je parle ici des interprètes de la jeune génération) ? Y a-t-il une alternative ? Le jeu romantique est-il permis ? Je ne crois pas.

"Il y a des pépites (pas forcément cachées) qui décoiffent Bach et jouent Cage dans le même programme ! Et qui ont, oh miracle, tout juste 25 ans !"

C'est probable. C'est en tout cas ce que l'on peut entendre en boucle sur Radio Classique actuellement (j'ai compris pourquoi j'avais arrêté de mettre cette fréquence : pas à cause de la musique pour film mais à cause de la publicité intempestive qui décrit un monde musical lisse, lissé, policé, trop beau pour être vrai).

Mais quand même, mettre Bach et Cage sur le même CD, c'est un choix très sage, très conformiste (je ne juge évidemment pas les qualités de l'interprète, qu'il faudrait que j'écoute). N'est-ce pas un format, une figure, imposés ?

4. Le jeudi 26 mai 2011, 16:49 par Stéphane Gassot

Une lueur dans un tableau de Soulages...

Croyons en la jeune génération simple, vraie, qui peut aussi bien jouer Bach avec un archet concave et écouter de l'électro.

Cette génération qui revendique haut et fort ce qu'elle écoute, et s'apprête à éradiquer une bonne fois pour toutes, la mauvaise foi du "c'était intéressant" après avoir entendu un truc ignoble.

Maintenant on mène des opérations "extraction de balais"

5. Le jeudi 26 mai 2011, 21:26 par Michel Loiseleur

Excellent article, j'ai adoré. J'ai essayé d'écouter le "Helikopter-Streichquartett", mais c'est vraiment trop imbuvable :).

6. Le vendredi 27 mai 2011, 08:49 par phc

Eh beh, quel article !
Alors déjà c'est pas Martine Aubry mais Tartine au brie, pour qui a parlé de bouffe dans les commentaires ; y a aussi Hollande le flamby... et pour les non-bouffe, on a Ségolène l'illuminée et Strauss-Kahn le satyre...
Radio Classique, au début j'aimais bien, mais au final je me suis rendu compte qu'ils rabâchaient toujours les mêmes concertos, quelqu'instrument que ce soit, toujours les mêmes interprètes ; et depuis quelques temps, en effet ils passent des musiques de films, toujours les mêmes... et même des musiques américaines de comédies musicales des années 50, et dont j'ai l'impression qu'ils peuvent en repasser une même 3 fois dans la journée, alors quand c'est pas la musique qu'on préfère... moi je suis revenu à France Musique en partie pour ça ! au moins c'est déjà plus varié dans les styles ! Quand je pense que j'ai fait l'erreur de changer de fréquence simplement parce qu'au début j'aimais pas la musique contemporaine (pas parce que je la comprenais pas [euh, un peu quand même...], mais parce que ça me bottait pas) ; grave erreur que de détester.
Tiens une petite anecdote sur la musique contemporaine : j'étais à une préparation de jam session et pour me chauffer je jouais Passacaille et Fugue de Merlet, et le batteur-régisseur a hurlé "BOULEZ !!" (pour que je puisse l'entendre et que je m'arrête) j'ai répondu "Non, non, c'est Merlet" et lui de me répondre "Et alors, c'est contemporain !". Ca ne fait que prouver ce que tu dis. J'avais une furieuse envie de lui hurler : "Mais va te faire f*****, continue de brancher tes fils et de faire tes rythmes nauséeux à la c** !!!!!", mais je me suis retenu.
Par contre le balai dans le cul et son extraction, ça c'est vraiment dégueulasse :-) !!
Pas mal trouvée l'image de la vieille dame...

7. Le vendredi 27 mai 2011, 17:44 par Papageno

@Philippe: L'anecdote avec le type qui hurle "Boulez !" mérite 20/20: rien que pour ça je ne regrette pas d'avoir écrit cet article. Merci !

@Michel: ça s'écoute très bien en voiture (ça s'harmonisera très bien avec le ronflement de ton 16 soupapes)

@Jean-Brieux: juste par curiosité... avez-vous fait le test ? combien d'étoiles obtenez-vous ?

8. Le samedi 28 mai 2011, 10:37 par Azbinebrozer

Oh Papageno, publier une telle photo de sa maman en 1ère illustration, tout cela parce qu'enfant, elle vous a forcé à étudier l'alto !

9. Le samedi 28 mai 2011, 21:31 par Papageno

Eh oui l'alto ça commence souvent (toujours ?) par un traumatisme au niveau de la petite enfance...

10. Le samedi 28 mai 2011, 22:43 par phc

Mon dieu ! tous ces commentaires sur le traumatisme de l'alto...

11. Le lundi 30 mai 2011, 17:04 par Raph

J'ajoute ma pierre à l'édifice:

1/ Si vous êtes pas frileux : Ecoutez l'avant garde :

http://www.youtube.com/watch?v=vuUt...

de la Drunk-Dubstep-core !!

2/ Pour les autres : allez voir Magma en concert !! Et dites vous que le génie du violon Didier Lockwood a officié au sein de Magma pendant plusieurs années =)

12. Le mardi 31 mai 2011, 21:58 par DavidLeMarrec

Tout ça pour justifier de trouver un peu de répertoire aux gros violons engourdis qui jouent les milieux des partitions...

S'il y avait eu des génies en musique classique depuis Mozart, l'info aurait circulé !

13. Le mercredi 1 juin 2011, 12:00 par Jean-Brieux

@Papageno

Juste par curiosité... bien sûr !

(*) vous avez 500 disques de classique et pas un seul de jazz ou de variétoche

>> je n'ai pas 500 disques classiques (merci à youtube, ma discothèque immatérielle) et j'ai même un CD de tango pour piano solo (si si ça existe) ;-)

(*) le mot « contemporaine » déclenche chez vous une réaction automatique sous la forme d'une phrase où figurent les mots « Boulez » et « caca »

>> non non, j'essaie d'écouter sans a priori même si à la fin je pense souvent (donc pas automatiquement) à un mot de 5 lettres

(*) vous n'écoutez plus Radio Classique depuis qu'ils passent de la musique de film

>> pas vraiment à cause de la musique de film, mais plutôt à cause de la publicité intempestive et du côté trop clean, trop lissé de leur conception de la musique classique ; je préférais l'ancienne version un peu poussiéreuse mais proposant la découverte de compositeurs parfois méconnus

Donc entre 0 et 3 étoiles à tout casser, ça dépend comment on compte. ;-)

Et vous ?

14. Le mercredi 1 juin 2011, 12:04 par Jean-Brieux

@DavidLeMarrec

"S'il y avait eu des génies en musique classique depuis Mozart, l'info aurait circulé !"

Après Mozart ce n'est de toute façon plus de la musique classique ;-)

15. Le jeudi 7 juillet 2011, 00:12 par Duna

Premier point « Le classique c'est une musique de vieux » : Il est vrai que les personnes qui sont assises à de bonnes places ont les moyens de les payer, un certain confort de vie donc, faut pas être tout jeune pour ça en général. Il cite deux théâtres qui ont une clientèle correspondant particulièrement (presque caricaturalement) à l'image ce public qu'il tient à détruire, plus que la musique en elle-même. Il suffit d'aller aux week-ends de l'opéra, de scruter les preneurs de places de 5 à 20€ dans tous les théâtres nationaux de Paris en tout cas pour trouver pas mal de jeunes (des retraités qui ne peuvent plus payer un abonnement et qui n'ont pas encore de lumbago aussi).

Deuxième point « La musique classique est bourgeoise » : Haha, Bourdieu et ses gentilles petites cases bien proprettes. Il ne faut pas oublier qu'il faut financer énormément de monde pour faire tourner un opéra, malgré les progrès techniques réalisés depuis le 18e siècle. Au dernier Verdi, il y avait trois chœurs de 30 membres chacun (dont un d'enfants), plus l'orchestre et 12 interprètes, sans compter les 50 à 100 musiciens, la bonne centaine de techniciens du spectacle, la location ou le stockage et l'entretien des locaux, des décors, costumes et accessoires. Même la place d'opéra la plus chère, soit 172€, l'est trois fois moins que ce qu'elle devrait être, merci au Trésor Public. Donc, ce qui est cher, c'est plutôt la place pour aller voir Johnny à mon sens. Et il n'y a pas que les serveurs qui s'habillent en pingouin, il faut juste oser le faire (surtout le nœud pap', pouah). Plus sérieusement, c'est un uniforme comme un autre. Imaginez un orchestre bigarré, pas pratique pour repérer les musiciens... J'en ai déjà vu remarquez. Et c'est comme les techniciens : le noir sied mieux à la scène, question de jeux de lumière. Dans des concerts plus détendus justement, ça arrive. Et pour ce qui est du public... J'ai vu des gens dans des tenues qui se seraient fait refouler de plus d'un casino, même de province.

Troisième point « La musique préférée des con(formiste)s » : Je suis tout-à-fait d'accord, sauf encore avec cette manie d'accuser "l'amateur de classique" comme s'il n'y en n'avait qu'un seul type, soit le faux amateur de classique qui va à des concerts et des opéras pour se faire voir et non pour les voir ni les écouter. C'est un blasphème.

Quatrième point « Garanti avec beaucoup de conservateurs » : on ne passe que de la musique à succès, oui c'est un drame mais business is business, il faut faire tourner cette machine qui coûte horriblement cher. Et puis, c'est partout pareil, le conformisme. Il suffit de vouloir et de savoir l'éviter, la bonne blague.

Cinquième point « Plus coincé que moi, tu meurs! » : En allant au week-end de l'opéra, les interprètes venaient jouer gratuitement. Ils ont invité le public à chanter avec eux. C'était bon, ce chœur des esclaves ! Pareil au studio Bastille, avec les jeunes chanteurs de l'Opéra national de Paris (public très majoritairement trentenaire en passant) On sait aussi se lâcher et rigoler. Plus pendant le spectacle comme du temps de Mozart. Question de respect pour ces gens qui s'évertuent à chanter un livret qui n'est pas souvent dans leur langue natale pendant trois à six heures de spectacle avec un quart d'heure de pause toutes les deux heures, et d'irritabilité de chefs d'orchestre (genre William Christie, excellent ceci dit et grand bienfaiteur et promoteur de musique baroque) qui ne conçoivent pas de jouer sans entendre une mouche voler ("arrêtez de tousser, je ne peux pas jouer dans des conditions pareilles !", mais il y a des cons partout).Il faut savoir éviter des endroits tels que Salzbourg (je sais pas, c'est comme Cannes quoi)

Sixième point « Le choix des pervers psychopathes » : C'est tellement abs(con) que ça se détruit tout seul cette affirmation.

Septième point « Danse avec les morts » : Au XXe siècle, ou reconnaissait le talent de Fauré, Debussy, Ravel, Dupré, Milhaud... Sauf que la plupart étant juifs, et les nazis étant passés par là, leur musique fut interdite. Je reconnais ne pas connaître les compositeurs d'aujourd'hui, c'est idiot mais il faut un peu laisser faire le temps avant que leurs noms se diffusent...

Après je suis d'accord avec ce qui suit (c'est d'ailleurs très drôle), sauf avec ce régime Dukon.

16. Le jeudi 7 juillet 2011, 00:14 par Duna

Ps : j'ai 20 ans et toutes mes oreilles (sauf je l'admets, pour les murmures et chuchotements, ce qui fait que je devais plutôt faire circuler de petits papiers, à musique ou non, dans les salles de cours.

17. Le jeudi 7 juillet 2011, 22:18 par Papageno

Concernant le point 6:

http://www.imdb.com/title/tt0102926...

http://www.imdb.com/title/tt0212985...

Sinon pour les compositeurs d'aujourd'hui vous avez certainement raison: attendons encore une petite centaine d'années pour apprécier la musique de Tristan Murail, Kajaa Saariaho ou Christophe Bertrand. Lorsque la viande aura bien faisandé, la musique n'en sera que meilleure...

18. Le jeudi 7 juillet 2011, 22:30 par phc

J'aime beaucoup la musique de Christophe Bertrand, puisque tu en parles. C'est vraiment malheureux qu'il soit mort si jeune !
Son site : http://www.christophebertrand.fr/
(A ne pas confondre avec Plastic Bertrand !)

19. Le vendredi 8 juillet 2011, 22:30 par Duna

Grazie mille, Papageno. Je connais ces films et les apprécie beaucoup (enfin, surtout le Silence, un Hannibal porté à l'écran sans Jodie Foster étant un sacrilège à mon sens).
Seulement, ce sont des œuvres de fiction, sans vouloir heurter l'imaginaire collectif de quiconque...

En revanche, pas de merci pour les découvertes sonores. Il me suffit de quelques notes pour décréter que je n'aime pas et trouve ça chiant (vive la masturbation intellectuelle, au moins, Keith Jarrett jouit sur son piano mais c'est beau). Je trouve là de sérieux concurrents à la musique électroacoustique dans mon flop par contre...

Chacun ses goûts, comme on dit. Ce sont juste ceux qui se croient permis de les hiérarchiser qu'ils faudrait mettre au placard (ou au diapason pour bien faire sonner les accords et les désaccords, mieux qu'un lavage de cerveau tout de même)

20. Le jeudi 14 juillet 2011, 02:14 par Christian

Ce billet d'humeur est amusant mais FAUX.
Dans d'autres pays que la France, les jeunes générations apprécient le classique. Quand on voit que 70% des écoliers sud-coréens sont capables de jouer du Mozart ...

La France est sinistrée dans le domaine de la culture musicale, et les multiples initiatives de bonnes volontés ne peuvent compenser l'absence de vraie politique ministérielle en direction des jeunes, ni la misère de l'enseignement musical dans le système éducatif français.

21. Le samedi 16 juillet 2011, 14:43 par Jean-Brieux

@Christian

Vous avez raison. Même pas la peine d'aller jusqu'en Corée du Sud pour constater qu'en France on nage dans le néant musical. La France n'est pas un pays de culture musicale comme l'Allemagne par exemple où l'enseignement musical est très répandu depuis l'enfance. En Allemagne la musique fait partie de l'âme populaire
.
La France est sinistrée musicalement, mais pensez-vous sérieusement que cela est dû à une carence ministérielle ? Que dire alors de l'extrême centralisation, concentration, hiérarchisation des cursus musicaux en France qui opprime les initiatives isolées ? Pourquoi toujours se raccrocher à l'Etat quand rien ne va ? Ce fétichisme ne saurait masquer des turpitudes qui sont bien plus profondes.

22. Le samedi 16 juillet 2011, 15:16 par Duna

En Corée du Sud, la formation musicale est culturellement obligatoire et va de pair avec l'élitisme scolaire.

Quand à l'état de la culture et de la fonction publique en France... Élagage de personnel formateur par ici, réduction des investissements par là, que dire de plus.

Je ne serais pas encline à penser qu'il y a de moins en moins d'interprètes de talent ni de mélomanes chez nous. Malgré tout (par exemple, les choix des media plus ou moins assujettis à l'Élysée), il y a de nombreux et talentueux artistes créateurs qui voient le jour, au profit d'autres styles. La musique classique n'est pas tout, fort bien, elle est peut-être passée de mode dans notre petit hexagone, fort dommage, mais elle reste intemporelle.

23. Le samedi 16 juillet 2011, 18:53 par phc

La musique classique en Allemagne, au moins elle est respectée par tous, même par les principaux médias ; tandis qu'en France elle doit laisser place à d'insipides débilités sur 3 notes, faite par des gens au quotient intellectuel défaillant pour des auditeurs acnéiques aux capacités cérébrales atrophiées par une éducation qui fait songer à la culture du chicon, qui font en sorte d'écouter ce qui a été produit par d'autres hommes qui ont le même défaut d'avoir un potentiel cognitif limité ou inexistant, surtout parce que c'est à leur portée, en Allemagne c'est tout le contraire. Les chefs d'orchestre allemands sont invités sur les plateaux télé dans des émissions culturelles ou non, même dans des prime-time type télé-réalité (c'est une allemande qui m'a raconté ça). Quand je vois l'état de la France aujourd'hui, avec nos analphabètes à boutons, TF1 notre chaîne culturelle et ses présentateurs prix Nobel, ou même nos politiques (Frédéric Lefebvre qui prend du plaisir à lire Zadig et Voltaire, ou Les Misérables, chef d'oeuvre de Victor Hugo Boss, ou bien H et M le Maudit, et qui finalement achète ses fringues à la FNAC), j'ai envie de tout lâcher. Le cerveau d'un français est proportionnel à celui d'un diplodocus qui se serait pris une décharge de 100000 Volts ; le diplodocus, il avait une tête de la taille d'un bureau et le cerveau de la taille de celui d'un pigeon, donc si on ramène un diplodocus à l'échelle d'un homme...
Bon, patrick, désolé d'entacher ton blog avec de tels propos, mais j'en avais besoin. La France est un pays naufragé culturellement, et nous les musiciens classiques, tels les rescapés du radeau de la Méduse, nous essayons tant bien que mal de survivre dans le grand océan du vide cérébral des français...
Bon je quitte la place, sinon ça va mal finir... :-)

24. Le dimanche 17 juillet 2011, 15:21 par Jean-Brieux

@phc

Et pour ne rien arranger on me signale des cas de cannibalisme à bord du radeau de la Méduse.

25. Le dimanche 17 juillet 2011, 15:59 par phc

@Jean-Brieux

Ah zut alors... C'est vrai que ça n'arrange rien.
Sans rapport avec la musique, j'ai vu hier soir un documentaire sur arte qui parlait du cannibalisme dans l'Europe néolithique, on en a retrouvé des preuves sur le site de Herxheim en Rhénanie-Palatinat (Allemagne) (découpage de chair, cuisson d'os...). Même l'Europe est (était) concernée...
Dans cette même émission ont été montrés des Papous atteint d'une maladie neurologique pour avoir mangé de la cervelle humaine "avariée", je crois. Vu que la débilité humaine actuelle peut être considérée comme une tare neurologique selon moi, imaginons un instant que l'on soit encore cannibale et que l'on bouffe tous les débiles, qui eux vivent avec de la cervelle avariée car jamais utilisée ; il faut s'imaginer que l'on meure sur le coup. C'est à peu près ce que je ressens quand je constate le niveau intellectuel de l'humanité actuelle, je me sens dépérir. Enfin, bon, on doit vivre avec...

26. Le lundi 3 octobre 2011, 20:04 par annacello

WOW je dois être née pour briser les préjugés... Imagniez...
-Elle a 15 ans
-Elle est fada de classique
-Elle est communiste (ça exclut déjà "Le Figaro" ainsi que toute similitude avec Bernadette Chirac...)
-Elle ne vénère pas les "valeurs montantes" mais ceux qui la font pleurer par leur musique
-Elle ne danse pas parce qu'elle ne sait pas danser mais n'oublie jamais, quand elle travaille les suites pour violoncelle de Bach, la tarantelle de Popper ou la polonaise brillante de Chopin que ces musiques ont été écrites pour être dansées...
-...mais d'un autre côté, comme elle a 15 ans, n'est-ce pas, et plus 3, elle sait très bien que la musique ça n'a pas toujours servi à "bouger son boule" mais, incroyable, ça peut parfois représenter un moyen d'exprimer quelque chose...des sentiments par exemple...
-...où rien du tout, juste le plaisir de se laisser envahir par des sons, comme Cage qu'elle ne considère pas plus comme du caca que Rachmaninov où Piazzolla.
-D'ailleurs en 90 jours, qu'est-ce qu'elle peut écouter comme musique de XXème et même du XXIème...en fait elle écoute un peu tout, de Monteverdi à Aperghis en passant par Mozart...
-...au fait, hein qu'elles sont belles, ces fameuses "dissonnances" au début du quatuor K.465?
-Psychopathe? Bon d'accord elle l'est un peu...mais bon, si vous aussi vous avez eu 15 ans, vous comprendrez!
-...Donc quand vous parlez des adeptes de musique classique et que vous évoquez les gérontologues, autistes pervertis à tendances schyzophrènes et autres personnages marginalisés par leur moisissure vous omettez les filles de 15 ans lambda...eh ouais, tant qu'à généraliser, allons-y franco!
-S'il y a bien un truc qu'elle n'a jamais compris c'est celui-là: les gens qui n'écoutent que de la variété, personne ne vient les faire ch*** et leur créer des complexes sur leur diversité d'écoutes!
-Elle n'a d'abonnement nulle part. Eh oui, du fin-fond du Massif-Central à la salle Pleyel, il y a 1 semaine de voyage en tracteur...
-Elle n'écoute PAS radio-classique, musiques de films ou non, car sur France-Musique, au moins, c'est des concertos et des symphonies dans leur intégralité et pas des petits extraits qu'ils passent. En plus, sur France-Musique, il y a aussi du contemporain et du jazz et ça, ça change la donne!
-Si on insulte son conservatoire, on insulte sa famille, si on insulte sa famille, elle frappe, si elle frappe, ça saigne.
-En bref: elle pense que le classique c'est PAS de la merde, et pour cause: le classique ne désigne rien. Si une toute petite période qui va de Bach à Beethoven (exclus) mais rien de plus...
(et ouais, puriste avec ça...)